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Senegal Disseminates: Deliberative Dialogue For Better Laboratory Testing For Pregnant Women- A Perspective By Dr. Suzanne Kiwanuka

Atelier de restitution au Sénégal: un dialogue délibératif pour améliorer les tests de dépistage pour les femmes enceintes- Le point de vue de Dr. Suzanne Kiwanuka

J’ai eu le plaisir de représenter le secrétariat de KTNET Africa à l’atelier de restitution du projet de recherche SOCIALAB à Dakar, au Sénégal. Bien que les deux jours de l’atelier se soient déroulés en français (avec une traduction simultanée en anglais), tout s’est très bien déroulé et cela a été une expérience très enrichissante. Je vais souligner plusieurs éléments qui sont ressortis de cette rencontre.

La problématique

Les tests de diagnostic prénatal permettent d’identifier les conditions médicales qui mettent à risque les mères et leurs enfants durant la grossesse et l’accouchement. La sous-utilisation de ces tests représente une occasion manquée pour réduire la mortalité et la morbidité de la mère et de l’enfant. Entre 2012 et 2015, La Direction des Laboratoires au Sénégal, en partenariat avec la Fondation Mérieux en France, Amsterdam Institute for Global Health and Development (AIGHD), Center for Social Science and Global Health (SSGH) au Pays-Bas ainsi que l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique (NWO/WOTRO) (bailleur de fond) ont identifié et expliqué les barrières à l’accès aux tests de dépistage maternel durant les consultations prénatales et ont formulé certaines recommandations pour augmenter l’utilisation de ces tests.

Les résultats de la recherche

Presque toutes les femmes interrogées dans la communauté ont eu une consultation prénatale (CPN) (77/81), mais seulement 13% de celles qui ont eu un CPN ont reçu le paquet complet des 6 tests recommandés (10/77). Les chercheurs ont également démontré qu’il y avait plusieurs causes pour expliquer ce faible accès aux services de laboratoire. Un faible statut économique, le manque de sensibilisation des femmes à l’importance des tests, les capacités du personnel de santé et les difficultés des centres de santé représentent quelques-uns de ces facteurs explicatifs. (Pour plus de détails, voir les résumés en Anglais et en Français).

Les résultats de l’étude SOCIALAB ont permis d’énoncer plusieurs recommandations regroupées en trois domaines clés.

1. Lignes directrices & communication : Il faudrait énoncer et communiquer à tous les niveaux des services de soins de santé des directives claires à propos des tests durant les CPN;  soutenir de meilleures pratiques en ce qui concerne le demande de tests de dépistages chez les sages-femmes et le personnel intervenant durant la CPN. Des directives améliorées et claires devraient également promouvoir une meilleure communication entre le personnel de santé (sage-femme, assistant, travailleur communautaire) et les femmes enceintes ainsi que leur entourage sur l’importance des tests de laboratoire autant dans les cliniques que dans la communauté.

2. Logistique : Il faudrait améliorer la logistique concernant la réalisation des tests en laboratoire. Cela inclut l’amélioration des liens entre la clinique et le laboratoire, l’ajustement des heures d’ouverture pour limiter les allers-retours multiples entre la maison, la clinique et le laboratoire pour les femmes enceintes. Améliorer la qualité.

3. Tarif : Il serait important de réduire le prix du paquet de tests de dépistage grâce à l’aide de différentes initiatives de la communauté, des collectivités locales, des centres de santé et du gouvernement.

La tenue du dialogue délibératif :

Les 16 et 17 février 2016, les chercheurs de l’équipe SOCIALAB en collaboration avec la Direction des Laboratoires au Sénégal ont organisé un dialogue délibératif. L’objectif de cette rencontre était de partager les résultats de recherche provenant du Sénégal, du Mali et du Burkina Faso ainsi que de discuter des implications possibles de ces résultats afin d’améliorer les politiques et les pratiques au niveau de l’accès aux tests de laboratoire et de la qualité des services offerts aux femmes enceintes. Pour ce dialogue, l’équipe de recherche a préparé plusieurs outils pour diffuser leurs résultats dont une fiche résumé, deux posters ainsi que des présentations power point qui ont été imprimés et partagés avec toutes les parties prenantes impliquées sur la question. L’équipe a également convié KT NET Africa (Knowledge Translation Network Africa) pour animer et faciliter ce dialogue. L’équipe de KT NET a invité Dr. Leon Mutesa (Malaria Elimination Project MEPR) du Rwanda ainsi que Esther Mc Sween-Cadieux, candidate au doctorat à l’Université de Montréal (Projet Équité-Santé au Burkina Faso) afin d’aider au bon déroulement de cet atelier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les formateurs et animateurs à l’atelier de restitution de l’étude SOCIALAB.

De gauche à droite : Dr. Leon Mutesa, Dr. Suzanne Kiwanuka and Esther Mc Sween-Cadieux.

Les acteurs impliqués

Offrir des services de laboratoire de qualité requiert un travail d’équipe au niveau de la prestation des services ainsi qu’une collaboration entre différents secteurs. Des campagnes de communication sur les tests requis, sur leur importance, sur le moment auquel on doit les passer, sur les points d’accès de ces tests et sur les coûts sont très importantes pour la communauté et aussi pour les prestataires. La prescription des tests de laboratoire, la disponibilité des produits diagnostiqués aux patientes, la qualité/capacité des prestataires de conduire les tests ainsi que la rapidité de la procédure sont tout aussi des éléments très importants. Cet atelier délibératif a donc permis de réunir des chercheurs, des médecins, des sages-femmes, des techniciens de laboratoires, des organisations non-gouvernementales (ONG) et les médias.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chercheurs, le personnel de santé ainsi que les responsables gouvernementaux qui ont assisté à l’atelier du projet SOCIALAB au Sénégal

Les dialogues lors de l’atelier ont été très participatifs et cela a permis aux différents acteurs présents d’échanger et de partager leur point de vue sur les résultats de recherche ainsi que leurs idées pour solutionner le problème de la sous-utilisation des tests de dépistage.

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Sessions de travaux de groupe durant l’atelier

Les recommandations issues du dialogue

De multiples intervenants ont contribué aux discussions sur la façon d’améliorer les services de tests en laboratoire afin d’en garantir la qualité pour les femmes enceintes. Quelques recommandations et leurs implications pour les politiques et les pratiques sont énoncées ici-bas :

1. Il est nécessaire de synchroniser les différents services afin de réduire la disparité entre les  heures des CPN des femmes enceintes avec les sages-femmes et les heures d’ouverture des laboratoires. Ainsi, cela permettrait de réduire les temps d'attente et le nombre de visites faites par les femmes enceintes. Cela requiert une collaboration plus étroite entre les sages-femmes et le personnel de laboratoire afin de faciliter le processus d'obtention des tests par les femmes.

2. L’utilisation de diagnostics et de tests au point de service (point-of-care diagnostic) permettrait de réduire les difficultés d’accès des femmes et ce, particulièrement en milieu rural où les laboratoires sont bien souvent situés très loin du domicile des patientes. Tel que discuté, pour mettre en œuvre cette recommandation, il faudrait énoncer des directives claires, approvisionner les structures de santé avec le matériel nécessaire et former les sages-femmes à la passation de ces tests.

3. La préoccupation concernant l’approvisionnement adéquat en tests pour le dépistage afin de faciliter un service de qualité par le personnel de santé doit être adressée par les décideurs politiques et les autres bailleurs de fonds.

4. La gestion de la performances du personnel de santé doit être assurée par des organismes de règlementation ou de contrôle afin d’améliorer la qualité des soins.

5. La communication et la sensibilisation des communautés et des femmes sur l’importance des tests de dépistage doivent être pris en charge par le département de communication du Ministère afin de développer les outils/stratégies appropriés et adaptés pour s’adresser à la population.

6. Tous les secteurs chargés d’assurer la qualité des soins doivent jouer leur rôle activement afin d’améliorer la santé de la mère et de l’enfant.

7. En étudiant l’évolution historique des laboratoires au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso, on peut comprendre que les forces et les faiblesses actuelles du système de laboratoires découlent des raisons qui ont poussé le développement de ces laboratoires. Dans plusieurs cas, les laboratoires ont été mis sur pied suite à des épidémies de maladies infectieuses sur les territoires ce qui les rendaient donc axés sur «une seule maladie». Ce focus avait comme conséquence de négliger alors le renforcement des capacités des laboratoires pour traiter d’autres maladies/affections dans ces pays. Comme ces pays cherchent à améliorer leur système de laboratoire, ces leçons tirées du passé devraient être utilisées pour influencer les décisions.

8. Les acteurs présents ont souligné que quelles que soient les solutions envisagées durant l’atelier au niveau des politiques ou des pratiques en santé, elles doivent être en accord avec les cadres politiques déjà existants dans le pays.

9. L’importance de poursuivre les dialogues et les échanges entre tous les acteurs présents a été soulignée afin de poursuivre les efforts afin que les femmes aient accès à des services de laboratoire de qualité. 

Quelle sera la suite?

Cet atelier de deux jours représente sans le doute le premier dialogue d’une longue série d’échanges qui permettront d’améliorer l’accès aux laboratoires pour les femmes enceintes. La tenue de ce genre de forum qui permet à plusieurs parties prenantes de poursuivre le dialogue sera essentielle pour permettre d’informer et d’éclairer les décisions prises concernant les services de laboratoire au Sénégal. Le début de ce processus est déjà enclenché et ce, grâce à l’engagement des chercheurs de l’étude SOCIALAB qui ont permis de concrétiser le projet.


Please Angela can you add the hyperlinks for the anglais version and francais version

 

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